Paul Quilès
«Du bonheur absolu»
1981: directeur de cabinet de François Mitterrand au PS.
2001: président de la commission de la Défense à l'Assemblée nationale.
«La fête était programmée au parc des Princes, entre les deux tours de la présidentielle. Mais au retour du meeting de Marseille, François Mitterrand m'avertit: c'est non. «Ne soyez pas triste. Si je gagne, on la fera votre grande fête», me promet-il. Trois jours avant le 10 mai, je sonne le branle-bas de combat. D'abord trouver un lieu. On pense d'abord à la République. Mais les bus de touristes envahissent la place. Ce sera la Bastille. Ensuite s'accorder avec un fournisseur de matériel. Deux semi-remorques se tiennent prêtes à Montreuil. Le 9 mai, j'appelle le préfet de police. Mon interlocuteur n'est pas très gai. Je l'avertis de l'opportunité possible d'une fête. Je lui demande de prendre toutes les dispositions pour assurer la sécurité de la manifestation. Le 10 mai, Jérôme Jaffré m'appelle à 18 h 25. Il me donne une première fourchette: Mitterrand est élu. J'avertis le Président à Château-Chinon. A Paris, la machine se met en route. A 19 h 15, les camions de matériel rejoignent la Bastille, escortés par des motards. Vers 21 heures, tout est prêt. Aucun politique ne doit s'exprimer. Anna Prucnal chante l'Internationale en polonais. Michel Rocard et Pierre Juquin s'emparent du micro. C'est amusant de penser que ce sont eux qui se sont exprimés en premier. Rocard à cause de ses relations avec M