Bilbao envoyée spéciale
Dans la batzoki tout à la fois bars et sièges électoraux du PNV (Parti nationaliste basque) de la rue Henao, au centre de Bilbao, des sympathisants discutent près du comptoir des derniers sondages publiés dans la presse. «Ils veulent nous faire croire qu'ils vont gagner, commente l'un d'eux, mais les gens ne disent pas ce qu'ils pensent ou refusent de répondre: tout ça ne veut rien dire.» «Les populaires (le Parti populaire, au pouvoir à Madrid) veulent gouverner ici, car ils n'ont jamais voulu de notre autonomie», grommelle un autre avant de commander une tournée de tapas (petits sandwichs).
Ambiguïté. Malgré l'incrédulité d'une partie de ses troupes, le PNV, au pouvoir depuis l'adoption du statut d'autonomie du Pays basque le 25 octobre1979, risque d'être détrôné ce dimanche à l'issue des élections régionales anticipées. Qu'elle se réalise ou non, l'hypothèse résume les changements qui se sont produits dans l'opinion ces dernières années.
Aux yeux de toute une partie de la population, le PNV n'est plus ce parti incontournable qui tirait sa légitimité d'avoir, le premier, défendu l'identité basque et d'avoir mené à bien un processus d'affirmation nationale, de façon pacifique et démocratique. Coupable d'avoir pactisé avec EH (Euskal Herritarrok), le bras politique de l'ETA, et d'avoir mal su expliquer son geste, il apparaît comme un parti ambigu et trouble, dont les dérives nationalistes et les faiblesses supposées à l'égard du terrorisme font peur.