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Libération
Éditorial

Chair à Audimat.

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publié le 12 mai 2001 à 0h51

D'accord, Loft Story existe et nous vivrons désormais avec (ou plutôt à côté de) cet entrepôt de l'ennui. Promis, nous condamnerons sans nuance, parce que la censure n'a jamais constitué une réponse valable, ceux qui en demanderont l'interdiction.

Pour que les choses soient claires, faut-il, parce qu'un phénomène de société est massif, apparemment durable et hautement rentable, le décréter normal? Faut-il, parce que l'Audimat ne faiblit pas après deux remplacements de cobayes et l'exécution virtuelle d'un troisième, considérer que ce genre de spectacle a toute sa place sur une chaîne généraliste? Bref, faut-il, par crainte de l'accusation de ringardisme, voire de moralisme, se résigner, face à ce nouvel et douteux acquis télévisuel, à clore le débat? Osons répondre par la négative.

Concédons d'emblée que la mauvaise action de M6 ne constitue qu'un tout petit pas supplémentaire dans l'abêtissement de téléspectateurs toujours prêts à en demander plus. Mais oublions un instant leur consentement pour nous intéresser à celui des faux acteurs de la fausse vraie vie ainsi exhibée. Car c'est là qu'un dangereux grand pas a été franchi en matière de dignité humaine. Nos héros, certes, se sont déclarés volontaires et leurs parrains ne manquent pas une occasion de nous le rappeler. Mais que vaut le volontariat dans ce genre de situation? Que signifie-t-il sinon un fol espoir, une duperie, un troc aux termes imprécis, un contrat illégal? Car l'argument du volontariat rappelle étrangement c