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Libération

Manu Chao, journal d'un clandestino.

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publié le 12 mai 2001 à 0h51

Singulière trajectoire que celle de Manu Chao, pur produit postlibertaire de la scène alternative, promu (anti)star d'un public jeune, fan de musique bien sûr (reggae, rock, latino...), mais aussi, on l'imagine, plus ou moins intuitivement soucieux de ces valeurs écolo-libéralo-humanistes qu'incarne le chanteur-bourlingueur.

Pour qui n'écouterait que Stockhausen ou de la musique traditionnelle du Turkménistan, on rappellera que Manu Chao, fils du journaliste et écrivain Ramon Chao, est né à Paris en 1961, a fait ses premières armes scéniques dans les années 80, alors que commence à poindre la scène alternative française. Bien des groupes écloront alors (Béruriers Noirs, Négresses Vertes, Satellites...), mais c'est la Mano Negra qui dirigera la manoeuvre, brassant albums et tournées dans une énergie également incoercible.

En corollaire, Manu Chao et les siens, fuyant toute forme de récup comme la peste, s'embarquent dans divers projets de terrain. Ce seront «Cargo 92», odyssée maritime qui fait escale dans divers ports d'Amérique du Sud; «le Train de glace et de feu», 1 000 kilomètres sur voie ferrée pour rappeler au petit peuple colombien que le bruit des pétards est bien plus festif que celui des flingues; «la Caravane des quartiers», chapiteau itinérant qui, sur fond de Mondial 94, visite les périphéries dites sensibles.

Puis, au terme d'un septennat mené tambour battant, la Mano passe la main et Manu Chao prend du recul. Voyage. Joue à droite à gauche avec des potes, dans le