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Libération
Interview

«Ce qu'on demande à l'Assemblée, c'est d'abdiquer»

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publié le 14 mai 2001 à 0h51

Le député de Belfort défend demain, à l'Assemblée nationale, une question préalable pour s'opposer au projet de loi sur la Corse, qu'il juge dangereux.

Votre opposition au projet de loi sur la Corse est-elle toujours aussi radicale?

Le projet de loi gouvernemental n'est que le hors-d'oeuvre peu ragoûtant d'un menu obligatoire qui doit conduire en 2004 à une révision constitutionnelle ­ et donc à un référendum ­ sur l'octroi à la Corse d'un pouvoir législatif propre, succédané de la souveraineté, et d'un statut de collectivité unique, qui n'existe que pour les territoires d'outre-mer. Là est le fond des accords de Matignon, consentis sous le chantage à la violence d'une minorité déterminée, dans la perspective illusoire d'un retour à une paix durable, condition suspensive que les indépendantistes, qui n'ont renoncé ni à leur objectif, ni à la violence, ont aujourd'hui retournée à leur profit. Ce «processus», dont il n'y a de précédent que pour l'Algérie ou la Nouvelle-Calédonie, est une bombe à retardement. Le référendum ne manquera pas de creuser le fossé entre la Corse et l'opinion continentale, dont on attend qu'elle acquiesce par une sorte de «lâche soulagement». Le projet de loi gouvernemental s'apparente donc à un exercice de funambulisme juridique. Il ne vise qu'à leurrer les députés et à leur dissimuler l'ampleur d'une capitulation qui ouvrirait la voie à beaucoup d'autres, en leur faisant croire qu'on peut assurer la paix dans le respect de la Constitution.

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