Il y a, en France, 150 000 enfants placés. Pauvres enfants ou enfants de pauvres? Claire Brisset, la défenseur des enfants (1), estime que le «délit de pauvreté» est à l'origine de la moitié des placements. «On ne retire pas les enfants de leur famille à cause de la pauvreté, mais tous les enfants placés, ou presque, viennent de familles en situation de précarité», répond Ségolène Royal, ministre déléguée à la Famille. Elle présente ce matin en Conseil des ministres une réforme de l'Aide sociale à l'enfance (ASE), à qui incombe la protection de l'enfance en danger. La ministre veut réduire de moitié le nombre de placements: «Les professionnels lui reprochent de réagir comme mère. Elle a le courage de donner un coup de pied dans la fourmilière», la soutient Claude Roméo, président de l'Association des directeurs de l'action sociale.
Dès la maternité. Plusieurs centaines de milliers de professionnels interviennent dans un dispositif qui n'est plus piloté. Les ASE, placées sous la responsabilité des conseils généraux, fonctionnent avec plus ou moins d'autonomie, et certaines ne rendent aucun compte. Sur la question explosive des placements de nouveau-nés, des services veulent «étayer la fonction maternelle» coûte que coûte, même quand la mère présente de graves défaillances. D'autres cueillent encore les bébés à la maternité. Alertée par ATD Quart Monde et Claire Brisset, Ségolène Royal est intervenue récemment à propos d'une mère dont les deux aînés ont été placés pour care