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Libération

Pour cause de famille désunie

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Le divorce, même d'un couple aisé, peut fournir le prétexte d'un placement.
publié le 16 mai 2001 à 0h53

Les rapports sociaux et psychologiques commencent par une description physique: «Il s'agit d'une grande femme, habillée en noir, d'allure sophistiquée», «une grande blonde, élégante». Anne Brewee, directrice d'école, épouse d'un député, a ressenti ce qu'elle appelle «la griserie qu'éprouvent les travailleurs sociaux à exercer un pouvoir sur des bourgeois». Elle qui signalait régulièrement des parents d'élèves aux services sociaux s'est retrouvée cliente de l'ASE. Un juge a extrait sa fille d'un conflit parental inextricable en la plaçant. «Solution ultime lorsque la violence du conflit met en péril la vie psychique de l'enfant», selon un juge aux affaires familiales, les placements effectués dans le cadre d'une séparation représenteraient, d'après la Fédération nationale des services sociaux spécialisés, 10 % des mesures éducatives préconisées par certains services.

Safari contre Disneyland. Dans ces affaires, les pères et mères apparaissent extrêmement investis auprès de l'enfant qu'ils se déchirent. Ils appartiennent généralement à des catégories socioprofessionnelles supérieures. «Dans un dossier récent, il fallait gérer la frustration des gosses que les parents attiraient, l'un avec un safari au Kenya, l'autre par un voyage à Disneyland», raconte l'éducatrice d'une maison de l'enfance. Contrairement aux parents traditionnels de l'ASE, les parents divorcés sont défendus par des avocats, parfois de renom. Aux expertises institutionnelles gratifiant sa fille de 9 ans d'une «