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Libération
Éditorial

«Il tourne»

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publié le 21 mai 2001 à 0h56

Depuis ses origines, déjà anciennes ­ une bonne trentaine d'années! ­, l'Internet est l'enjeu de débats quasi théologiques sur l'usage qu'il convient de faire du nouveau monde auquel les réseaux numériques nous permettent d'accéder. Certains, appelons-les les «prophètes», promettaient une révolution, sociétale et libertaire, des sociétés occidentales dont l'individu serait le principal acteur et bénéficiaire. La prolifération des réseaux lui donnerait un accès immédiat, direct et gratuit aux informations jusque-là détenues, contrôlées et manipulées par des intermédiaires ­ politiques, intellectuels ou économiques. D'autres, disons les «marchands du temple», prédisaient eux aussi une révolution, mais commerciale et libérale, qui ferait entrer les entreprises «point com» dans l'univers radieux d'une nouvelle économie où la croissance exponentielle serait garantie par des gains phénoménaux de productivité, l'abolition de tous les freins physiques et temporels à l'échange marchand globalisé, et l'apparition constante de nouveaux besoins, donc de nouveaux marchés. Mais, comme ce fut déjà le cas pour d'autres technologies nouvelles­ la vapeur, le téléphone ou l'automobile ­, la véritable utilité du réseau n'est pas (du moins, pas entièrement) celle qu'ont imaginé dans leurs rêves ses pionniers et ses entrepreneurs. Nul ne sait encore à quoi sert vraiment l'Internet. Mais tout un chacun a déjà pu constater qu'il n'a pas amené les lendemains qui chantent d'un «communisme virtuel» éc