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Libération

Peu de clics commerciaux pas encore de déclic social

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L'idée d'un réseau citoyen fait son chemin.
publié le 21 mai 2001 à 0h56

Le reflux soudain de la «nouvelle économie» fait émerger une terra quasi incognita: l'Internet. Symbole d'une globalisation menaçante ou libératrice, le réseau a subi l'anathème et suscité l'extase, ce qui n'a guère fait progresser la connaissance sur l'outil. «Beaucoup d'intellectuels, y compris des scientifiques, ont développé des a priori négatifs vis-à-vis des technologies numériques plutôt qu'une démarche d'analyse objective des pratiques», regrette Michel Elie, pionnier du réseau, qui fit partie de l'équipe qui, aux Etats-Unis, travailla à la conception d'Arpanet (l'ancêtre du Net). Armand Mattelart, professeur de sciences de l'information et auteur d'une décapante Histoire de la société de l'information (1), ne se sent «pas visé» par cette critique. «Je n'ai jamais été contre l'Internet, mais contre le modèle de développement qui a prévalu jusqu'à aujourd'hui. Maintenant que les mirages se dissipent, il est urgent de développer une vraie réflexion sur l'appropriation citoyenne des réseaux numériques.»

Le vent tourne. A présent, même les grands patrons entonnent le discours de «l'Internet citoyen». «L'Internet décloisonne bien des certitudes. A chacun de s'en saisir pour ne pas être le spectateur captif des intérêts dont il est l'enjeu», écrivait récemment Michel Bon, président de France Télécom et, de ce fait, roi des réseaux, dans une tribune paradoxale (le Monde du 10 février). Quant à Jean-Marie Messier, dauphin au pays des câbles et empereur des «contenus» en tant