Inexorable, la tragédie empire depuis des mois. Elle avance comme un bulldozer aveugle, pulvérisant l'idée même de dialogue, détruisant toute miette d'espoir, ne laissant derrière elle que haine et soif de vengeance. Le pire, pourtant, est à venir si cette machine infernale est abandonnée à elle-même. Ne serait-ce que parce qu'il serait illusoire de croire que ses ravages s'arrêteront aux frontières d'Israël où à celles de la Cisjordanie. Le risque d'un affrontement israélo-syrien ne grandit-il pas tous les jours du fait de la situation explosive que font régner le Hezbollah et Amal dans le sud du Liban? D'où sans doute le lent «dégel» observé à Washington avec, notamment, la désignation de l'ambassadeur William Burns comme émissaire chargé du Proche-Orient.
Ce n'est sans doute pas la compassion ou la générosité qui sont à l'origine de cette évolution de l'administration Bush, qui aurait aimé rester à l'écart des affrontements israélo-palestiniens; bien plutôt la crainte de voir les intérêts nationaux américains compromis par une grande explosion proche-orientale. Mais qu'importe finalement la motivation, si cette nouvelle «préoccupation» peut ramener un semblant de raison de part et d'autre. D'autant que l'Europe, après avoir paru elle aussi baisser les bras face à tant de passions déchaînées, semble vouloir retrouver le sens de ses responsabilités sans que l'on s'en offusque aux Etats-Unis. La présence de Yasser Arafat à Paris en est un signe. L'invitation lancée à Sharon e