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Libération

Le Sud-Liban, champ clos chiite

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En se retirant , Israël a abandonné la région aux rivaux Hezbollah et Amal.
publié le 24 mai 2001 à 0h58

Marjayoun (Sud-Liban) envoyé spécial

Vieil aigle de pierre, déplumé par les guerres, décharné par les siècles, le château de Beaufort, perché sur une haute et âpre colline, permet toujours de savoir qui contrôle la région. Jusqu'au 24 mai 2000, date du retrait israélien du Sud-Liban après vingt-deux ans d'occupation, on pouvait voir à des kilomètres à la ronde voler au vent les bannières frappées de l'étoile de David. Avant l'invasion israélienne, le drapeau libanais et, du temps du Mandat, celui de la France, ont claqué au-dessus du château comme, une dizaine de siècles auparavant, les oriflammes des croisés, ceux de leurs adversaires arabes, suivis par ceux de l'Empire ottoman. Aujourd'hui, le drapeau libanais ne flotte toujours pas sur Beaufort, désert et à l'abandon. Deux autres bannières le remplacent. L'une, jaune et traversée par une kalachnikov, est celle du mouvement islamiste chiite Hezbollah. L'autre, noire, est celle d'Amal, le parti rival, chiite lui aussi. Chacune est plantée sur une des deux tours encore vaillantes de l'ancienne forteresse, et semble menacer l'autre.

Opérations de pub. Le Hezbollah et Amal se disputent un Sud-Liban toujours livré à lui-même et toujours sans véritable contrôle de l'Etat libanais; Beyrouth se refuse à y déployer son armée tant qu'il n'aura pas obtenu satisfaction sur ses revendications territoriales et tant qu'une paix globale n'aura pas été signée avec Israël. Ce territoire de 800 kilomètres carrés est donc abandonné à ces deux p