La majorité plurielle est ainsi faite que chaque partenaire est enclin à considérer que ce qui marche est à mettre à son actif propre, et ce qui ne va pas au passif des autres. D'où un concert régulier de gémissements et de portes qui claquent, dont la discussion à l'Assemblée du projet de loi de modernisation sociale a été une nouvelle fois l'occasion. Un texte qui constitue une série de progrès en matière de droit du travail loin d'être négligeables, notamment pour la lutte contre le harcèlement moral. En tout cas, son adoption placerait la France dans un honorable peloton de tête de l'Europe, s'agissant des contraintes imposées aux entreprises dans les licenciements économiques. Il était peut-être souhaitable de placer le curseur de ces contraintes un peu plus haut, mais nombre de ceux qui exigent «l'interdiction» des licenciements sur les estrades publiques se gardent bien de le proposer en amendement au Palais-Bourbon, conscients que l'irréalisme a ses limites.
La gauche gouvernementale est, malgré tout, en train de se débrouiller pour que ce projet se retourne contre elle. En radicalisant leurs positions, le PCF, les Verts et le MDC se sont mis en situation d'avoir à choisir entre la résignation peu glorieuse s'ils s'abstiennent, et l'explosion de la majorité s'ils rejettent le texte aux côtés de la droite. Quant aux socialistes, maîtres d'oeuvre du contenu en tant que majorité de la majorité, ils sont si discrets dans l'expression et l'explication de leurs choix qu'ils