Drôle de chassé-croisé. Chevènement à l'Elysée, Giscard à Matignon. C'était mercredi en guise de teasing d'une campagne présidentielle qui en promet de belles. L'homme qui a déclaré morte la gauche plurielle le jour de son départ du gouvernement n'hésite pas à être instrumentalisé par un Jacques Chirac, en quête de toujours plus de «proximité», jusqu'avec les «amis» de son adversaire. L'ancien président de la République, lui, a beau avoir jeté «la rancune à la rivière», il ne laissera pas passer l'occasion qu'il a de se venger, vingt ans après, de celui qu'il estime responsable de sa défaite de 1981. Chirac l'a empêché d'être réélu, il lui rendra la pareille. Du quinquennat à l'inversion du calendrier électoral en passant par la Corse, il est devenu le meilleur allié de Jospin. Le Premier ministre dispute-t-il aujourd'hui au chef de l'Etat la palme de bâtisseur d'Europe, indispensable pour la course à l'...lysée, Giscard est prêt à la lui décerner. Drôle de chassé-croisé au moment où les alliés naturels, eux, s'enferment dans une critique bientôt tous azimuts de la politique du gouvernement. Jusqu'à menacer de repousser demain un projet de loi de modernisation sociale qu'ils avaient pourtant voté en première lecture! Plus Jospin se présidentialise, plus ses partenaires se cabrent. Plus il parfait sa stature d'homme d'Etat et se veut rassembleur au centre, plus Robert Hue se laisse aller à une surenchère étroite, uniquement motivée par le souci de ne pas se laisser distancer
Éditorial
Chassé-croisé.
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publié le 28 mai 2001 à 1h00
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