Comment va la gauche plurielle? Réponse, com me un lundi. D'au tant que la semaine s'annonce char gée. Demain, le vote solennel sur le projet de loi de modernisation sociale examiné en seconde lecture à l'Assemblée, demandé par les députés communistes, dira si elle a su garder sa cohérence (lire page 4). Depuis une semaine, les menaces et exhortations des uns et des autres sur ce sujet n'ont pas manqué de mettre à mal l'image d'unité restaurée à grand-peine lors du dîner, mercredi à Matignon, des chefs de la majorité. Fronde de la Place du Colonel-Fabien, hésitations chevènementistes, abstentionnisme des Verts (Noël Mamère a déclaré samedi que le gouvernement avait «tout faux» sur les plans sociaux)... La crise est d'autant plus vive que le débat porte sur un des «fondamentaux» de la gau che, à savoir la capacité d'intervention et de régulation de l'Etat dans le domaine économique. Et ce, sous la pression de la rue et la surenchère de l'extrême gauche.
Ce matin, Lionel Jospin va s'efforcer de s'élever au-dessus de la mêlée en donnant, solennellement et après plusieurs reports, sa vision du devenir de l'Europe. Le Premier ministre a réussi à faire de ce discours un événement, en France mais aussi dans l'Union. Il signe ainsi son entrée définitive dans le concert des leaders européens et espère, ce faisant, con forter sa stature d'hom me d'Etat à un an de la présidentielle. Il n'a pas pour autant la partie facile. Son rival, Jacques Chirac, a un train d'avance. Dès l'été derni