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Libération
Éditorial

Mur de haine

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publié le 4 juin 2001 à 1h08

L'horreur du massacre de Tel-Aviv est soulignée par deux sondages accablants. Selon l'un, plus de la moitié des Israéliens était, avant même ce drame, favorable à une action militaire contre les Palestiniens. D'après l'autre, les trois quarts des Palestiniens disent approuver les attentats-suicides. Deux peuples condamnés à partager la même terre sont bien séparés dans leurs têtes par des champs de mines et de barbelés. Un mur de la haine dont on peut craindre qu'il ne devienne bientôt physique.

Cette réalité explique, sans le justifier, que tant Yasser Arafat qu'Ariel Sharon aient mené depuis huit mois la politique du pire. Ils calculent que la confrontation et la violence renforcent le soutien populaire sur lequel repose leur pouvoir, et que l'autre finira bien par céder. Arafat ne porte pas seul la responsabilité de cet engrenage infernal, qui enfonce chaque jour davantage le Proche-Orient dans un bourbier sanglant. Sharon la partage, dont la politique de sécurité par la force (inefficace comme on a pu, hélas, le vérifier) et de colonisation provocatrice des territoires occupés irrigue le terreau fertile de la frustration, de l'impuissance et de la misère où prolifère le terrorisme palestinien. Mais aujourd'hui, c'est Arafat qui est le dos au mur. La multiplication des attentats contre la population d'Israël peut donner aux Palestiniens une illusion de force. Elle n'en est pas moins suicidaire, car elle prive l'Autorité palestinienne du soutien international sans lequel el