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Libération

Vivre au pays de la peur

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La hantise des attentats modifie les habitudes quotidiennes.
publié le 4 juin 2001 à 1h08

Jérusalem de notre correspondante

Par vagues, la peur s'est immiscée dans la vie des Israéliens. Et avec elle, l'incompréhension et le désespoir. La vie continue en Israël, mais depuis quelque temps elle est hantée par le décompte quotidien des morts, israéliens ou palestiniens, et par la sensation permanente d'une catastrophe imminente. Certains passent leur temps suspendus aux nouvelles, dans une sorte de fascination macabre. «J'écoutais dix fois par jour les informations, confie Micky, designer. Maintenant, dès que je tombe dessus, j'éteins le poste, je ne peux plus supporter.» Le quotidien Ha'aretz a révélé que les taux d'écoute des informations télévisées avaient chuté au profit des soaps et autres émissions d'évasion.

Il y a ceux qui, par bravade ou par manque de moyens, continuent à prendre le bus, une des cibles habituelles des kamikazes. Mais beaucoup d'autres préfèrent rallonger leur trajet pour éviter les centres de Jérusalem, de Tel-Aviv ou de Netanya, les villes les plus touchées par le terrorisme. Quoi que chacun fasse, l'angoisse est permanente, à chaque feu rouge, à chaque terrasse de café, dans chaque magasin.

Gifles. L'angoisse et, depuis le carnage de vendredi à Tel-Aviv, le ras-le-bol. Les plus extrémistes affirment sans ciller, tel ce retraité de Jérusalem : «Les Américains, eux, avaient trouvé la solution face aux kamikazes japonais : l'atome !» Il y a tous les autres, qui tentent de se raisonner. «La dernière chose dont j'ai envie, c'est de vengeance, exp