Marseille de notre correspondant
Tout Marseille rêve à ce que le TGV Med va apporter, en visiteurs et en richesses, mais a-t-on pensé à l'inverse? «On ne va pas faire les vieilles rombières et cracher sur un tel investissement, mais il y a un risque non négligeable d'effet aspirant dans l'autre sens: que Lyon et Paris pompent Marseille», relève l'économiste Philippe Langevin. Son collègue à l'université de la Méditerranée, André Cartapanis, exprime la même inquiétude: «On aurait alors un basculement d'activités vers Lyon, alors que Marseille deviendrait une zone résidentielle plus attrayante.» Les économistes savent que le TGV ne crée pas un phénomène pour les villes ou régions concernées. Il peut au mieux accompagner ou accélérer une tendance, avec des effets qui ne se font souvent sentir qu'après cinq ou dix ans.
Rivalités. Or Marseille «n'est pas dans une situation favorable», estime André Cartapanis (1). Alors qu'il classe Lyon parmi les «métropoles internationales à vocation régionale», avec Zürich, Turin ou Hambourg, Marseille ne figure que dans la catégorie des «métropoles régionales», comme Séville, Gênes ou Bologne. Car ses atouts (son port, sa position géographique, ses compétences scientifiques et technologiques, son ouverture internationale) pâtissent d'autres handicaps: la ville a été pompée par sa périphérie, de multiples zones d'activité y ont bourgeonné sans lien entre elles. Les rivalités ainsi créées empêchent le rôle centralisateur que Marseille doit jouer s