Bruxelles (UE)
de notre correspondant
Le traité de Nice n'est pas encore mort, loin de là. Certes, pour que le texte entre en vigueur, sa ratification par les quinze Etats membres est une nécessité: si un pays vient à manquer, tout s'arrête. Autrement dit, en première analyse, les Irlandais, de façon imprévisible, viennent d'enterrer le traité, honni des proeuropéens qui considèrent qu'il marque un recul de la construction communautaire, comme des anti, pour qui toute avancée va toujours trop loin dans l'abandon de souveraineté.
Le bricolage danois. Mais l'Union en a vu d'autres et sa capacité d'adaptation est sans limites: ainsi, le rejet par les Danois, le 2 juin 1992, du traité de Maastricht ne l'a nullement empêché d'entrer en vigueur en novembre 1993. Les Douze de l'époque, pour s'en sortir, avaient simplement bricolé quelques «déclarations interprétatives» précisant, en particulier, que le Danemark ne serait pas obligé de participer contre son gré à la monnaie unique ou à la défense européenne, ce qui allait déjà de soi.
Ce trompe-l'oeil fut ratifié sans problème par un second référendum, en juin 1993, les Danois ayant manifestement été effrayés des conséquences de leur mouvement d'humeur. Si, juridiquement, l'affaire fut vite réglée, elle eut néanmoins un coût politique et économique important: le référendum convoqué par François Mitterrand, le lendemain du coup de tonnerre danois, ne fut pas la promenade de santé annoncée. Il divisa profondément et durablement le pays, c