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Libération
Éditorial

La bourde

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publié le 9 juin 2001 à 1h12

Déjà particulièrement mal ficelé, le traité de Nice est fort mal parti. Rien ne prouve cependant que l'embuscade irlandaise dans laquelle il est tombé, à la surprise quasi générale, lui sera fatale. Les ressources d'imagination des parrains honteux du traité boiteux ne sont peut-être pas infinies, mais elles sont grandes. Et elles ont d'autant plus de chances d'aboutir à l'organisation d'un second référendum que le gouvernement de Dublin est prêt à tous les arrangements pour rattraper sa bourde.

Le terme n'est pas trop fort pour qualifier l'inexistence, voire l'inconscience, de l'exécutif irlandais tout au long d'une procédure référendaire qu'il ne pouvait éviter. Favorable à la ratification mais trop confiant dans les sondages qui font des Irlandais l'un des peuples les plus pro-européens, le gouvernement de Bertie Ahern a été absent du débat. Il a ainsi encouragé l'abstention de près de 70 % des inscrits et a abandonné les estrades à une coalition contre-nature, où l'on retrouve aussi bien les nostalgiques d'un neutralisme ambigu, les militants de la grande Irlande (ce sont souvent les mêmes), les Verts inquiets d'un développement industriel dû pour beaucoup aux aides européennes et les plus obscurantistes des catholiques, opposés à une Europe coupable à leurs yeux d'avoir dévergondé les pieux Irlandais de naguère. Soit, grosso modo, 17 % de la population.

François Bayrou, ce grand démocrate qui s'est engouffré dans la brèche irlandaise pour réclamer l'organisation d'un réfé