L'exécution de Timothy McVeigh, ce criminel aux 168 victimes, marquera-t-elle une étape dans la lutte contre la peine capitale aux Etats-Unis? Logiquement, cette mort par injection ne devrait pas poser problème à la conscience collective américaine. A l'image de son crime, le condamné est généralement considéré comme un monstre froid, imperméable à tout remords. Et rares sont ceux qui s'inquiètent de voir disparaître avec lui la cheville ouvrière d'un éventuel complot. C'est pourtant une possibilité: McVeigh, certes, a toujours affirmé avoir agi seul mais le doute sur sa seule et unique culpabilité dans le massacre d'Oklahoma City est permis depuis qu'on a appris que le FBI n'avait pas remis à la défense toute une partie de son enquête. Il subsistera donc.
Le paradoxe serait tout de même que cette première exécution fédérale depuis 1963 (ce sont certains Etats qui appliquent généralement la peine de mort) marque une avancée dans le combat des abolitionnistes. Plusieurs facteurs pourraient y concourir. L'ampleur du crime, tout d'abord. Comment prétendre que l'exécution d'un seul coupable pourrait racheter l'assassinat de dizaines d'innocents? Comment nier, face à un tel «ratio», l'aspect dérisoire d'une vengeance qui se résume en l'assassinat légal d'un assassin? Les réactions contrastées des proches des victimes d'Oklahoma City suscitent de telles interrogations: certains veulent à tout prix assister à l'exécution grâce au circuit télévisé prévu à cet effet, d'autres y ont re