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Libération
Éditorial

Lâchage

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publié le 16 juin 2001 à 1h17

Rien de pire pour une entreprise en difficulté que des actionnaires défaillants après avoir été inconséquents. La mésaventure risque d'être fatale à Air Liberté-AOM. Le groupe a été abandonné en chute libre par le holding d'Ernest-Antoine Seillière, qui n'était que de passage à moins que ce ne soit de portage. Et finalement lâché par Swissair, théoriquement compétent en matière de transport aérien mais qui s'est révélé tout aussi piètre gestionnaire de ses propres intérêts que de ceux des entreprises européennes ­ n'oublions pas le fiasco de la Sabena, qui devait être également sauvée par Swissair! ­ qu'il prétendait fédérer. Les deux compères, pourtant officiellement en désaccord, ont préféré jeter l'éponge, quitte à rembourser demain la part de passif qui leur revient, plutôt que de s'acharner. Mais le gâchis humain et entrepreneurial, lui, est bien là sans qu'on voie encore se profiler un repreneur crédible: des milliers d'hommes et de femmes dans la détresse sans compter les «dommages collatéraux» chez les sous-traitants de la région de Marseille et de Nice; et ce fameux deuxième pôle aérien, cher à Jean-Claude Gayssot, toujours dans les limbes, sinon déjà dans les cordes. Si Air Liberté paraît d'ores et déjà condamné pour des raisons structurelles, il y a peu de chances en effet que même AOM ­ la compagnie la plus crédible du groupe, grâce à la desserte des DOM-TOM ­ survive à la tourmente: sous-capitalisée, sous- équipée et passablement surstaffée, elle n'a pas la tail