Jean de Kervasdoué, ancien directeur des hôpitaux, est aujourd'hui en charge de la chaire d'économie de la santé au Conservatoire national des arts et métiers à Paris.
Le départ du Medef de la Sécurité sociale serait-il une catastrophe ?
Le système de l'assurance maladie est mort, même si son acte de décès n'est pas encore signé. Nous jouons une farce politique. Par exemple, si l'objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) est voté chaque année par le Parlement, celui-ci ne contrôle rien, les dépassements éventuels n'ont aucune conséquence. De surcroît, les chiffres présentés et votés sont calculés sur des bases inexactes.
Comment en est-on arrivé là ?
Revenons au plan Juppé de 1996, où s'affirmait déjà un rôle accru de l'Etat au détriment des caisses d'assurance maladie. Arrive Martine Aubry. Elle faisait partie de la gauche qui s'opposait au «plan Juppé», mais elle ne l'a pas modifié, si ce n'est pour accroître le rôle de l'Etat. Or, en 1997, la CFDT, le patronat et les autres composantes de la majorité à la Cnam étaient disposés à prendre des décisions courageuses. La ministre de la Solidarité a clairement fait savoir qu'elle seule décidait. Bref, depuis 1997, l'étatisation du financement s'est accrue (40 % des recettes proviennent aujourd'hui de la CSG et de l'impôt contre 7 % en 1993). Pour ce qui est de la tutelle du secteur, l'étatisation est aussi patente : les caisses ne contrôlent plus qu'une partie des honoraires des professionnels de santé (21 % de l'O