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Libération

Un ménage à trois infernal

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Etat, patrons et salariés se disputent la gestion du système.
publié le 20 juin 2001 à 1h18

Le 3 février 1999, au siège du Conseil économique et social à Paris, Ernest-Antoine Seillière et Denis Kessler pavoisent. Les centrales syndicales ont accepté de se lancer dans la refondation sociale que le Medef appelle de ses voeux. Un grand nom du patronat prédit le succès «jusqu'à ce qu'on discute de l'assurance maladie». Effectivement, la «Sécu» (terme qui le plus souvent confond les caisses d'assurance maladie avec le système de sécurité sociale lui-même, qui comprend, outre la maladie, la vieillesse et la famille) semble concentrer toutes les impasses du système de représentation sociale à la française. Le principal budget de la nation est géré par des conseils d'administration composés de représentants des salariés non élus (dernières élections en 1983!), des patrons tout aussi autodésignés sous la tutelle étroite du gouvernement.

Confusion à tous les étages. Il y a bien sûr des explications conjoncturelles au poids de l'Etat dans la Sécurité sociale: son déficit, que les partenaires sociaux se sont montrés bien incapables de réfréner, mais aussi la transformation des missions. Au sortir de la guerre, l'assurance maladie a d'abord pour mission d'indemniser des arrêts de travail. Aujourd'hui, il s'agit plutôt de définir une politique de santé publique dont les premiers bénéficiaires ne sont pas salariés (enfants et personnes âgées).

Mais la confusion des acteurs ne se limite pas à la Sécurité sociale. Tous les étages des relations sociales, qu'il s'agisse de retraite co