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Libération

Jospin censure un spot antisida.

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publié le 23 juin 2001 à 1h20

Le «protestant athée» Jospin n'aime pas qu'on «touche à l'intime». L'ex-trotsko «Michel» ne veut pas «immiscer le public dans le champ du privé». C'est en ces termes que le Premier ministre s'est opposé, personnellement, à la diffusion d'un film de prévention du sida. Ce que dénonce vigoureusement Act Up. Mercredi 7 juin, il visionne à Matignon les images illustrant cette nouvelle campagne. Ségolène Royal, ministre déléguée à la Famille, et son homologue de la Santé, Bernard Kouchner, sont également au rang des spectateurs. Le pouvoir politique doit donner son aval ou non à la diffusion des images à la télé. Le slogan dit: «Il y a mille et une façons de faire l'amour. Il n'y en a qu'une pour se protéger.» Même montées rapidement, les images sont sans équivoque, extraites de films pornos. On découvre, fugacement, des corps, des couples, avec un ou plusieurs partenaires, en train de chercher le plaisir de bien des manières.

Le lendemain, Jospin reçoit ses ministres à Matignon comme tous les quinze jours. Au cours du déjeuner, ces messieurs-dames parlent librement de jeunesse, de rave et... de sida. Kouchner raconte le film. Royal, au nom des familles, s'oppose à sa diffusion. Glavany et d'autres, l'air gourmand, demandent à voir. «Mille et une façons... Après tout, on pourrait apprendre des choses.» La conversation se fait grivoise. Jusqu'au moment où Jospin tranche. Pas de diffusion. Le Premier ministre estime que l'Etat ne peut intervenir dans le «champ du privé. Et puis, apr