La cause des homosexuels (pour faire court) aura progressé en quatre ans à pas de géant. Plus vite encore que grossissaient les rangs des marcheurs de la Gay Pride, qui célèbre son 30e anniversaire samedi après-midi sur le pavé parisien. Depuis le Pacs jusqu'à la loi contre les discriminations, en passant par les nouvelles modalités de l'autorité parentale, c'est tout un dispositif législatif qui se met en place, dont le caractère paradoxal est de ne pas viser exclusivement les homosexuels, mais de contribuer spécifiquement à aligner leurs droits individuels sur le droit commun. Est-ce à dire que plus la «gaytitude» s'affiche en public, plus elle se fond dans la société française?
Les sondages montrent que l'opinion publique évolue vers toujours plus d'acceptation à l'égard de l'homosexualité. La tendance ne date pas du Pacs, même si celui-ci, ou plutôt la réflexion qu'il a suscitée dans tout le pays, a accéléré le mouvement, lorsque le Parlement non sans mal en a été saisi. Cela ne signifie pas pour autant que toutes les questions que soulèvent les différences sexuelles se soient banalisées. Que l'homophobie perdure, c'est une évidence: les préjugés visant des groupes minoritaires sont de tout temps. Mais ils peuvent prendre un tour plus ou moins dramatique selon les époques et les circonstances. S'agissant des homosexuels, la reconnaissance progressive d'une dignité citoyenne aura contribué à renforcer les défenses contre les agressions de l'intolérance. Ce n'est pas po