Alain Bauer, PDG d'AB Associates, conseil privé en sécurité, ne tient pas à diffuser son étude de délinquance comparée France/Etats-Unis «puisqu'elle sera publiée aux PUF à l'automne». Dans la collection Criminalité internationale dirigée par son alter ego, expert en excitation du sentiment d'insécurité, Xavier Raufer, ancien militant d'extrême droite reconverti en journaliste spécialiste du terrorisme et chargé de cours sur les «menaces contemporaines» à l'Institut de criminologie de Paris. Les deux autoproclamés «experts» ont publié de conserve «leurs idées catastrophistes, stigmatisantes et répressives» en 1998 dans un Que sais-je ? (1).
Alain Bauer a réservé l'exclusivité de sa nouvelle étude d'initiative au Figaro, épaté par ce rapport aux «résultats détonants»: «La France plus criminogène que les Etats-Unis», a titré ce quotidien voilà huit jours. Le journaliste Jean-Marc Leclerc, ancien de Valeurs actuelles, a vanté «la démonstration» de Bauer et «la tolérance zéro» qui fait «tomber» les chiffres du FBI, déplorant que «la France, elle, n'ait retenu de l'exemple américain que le concept de police de proximité».
Les «chercheurs» Alain Bauer et Stéphane Quéré ont croisé les données de l'estimation nationale du FBI pour 2000 et les statistiques françaises de la criminalité, rapportées à la population. Les auteurs n'ont retenu que sept rubriques. Selon leur calcul, les Etats-Unis restent en tête pour les crimes, avec trois fois plus de meurtres et deux fois plus de viols qu'