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Libération
Éditorial

Faute collective

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publié le 27 juin 2001 à 1h22

Même s'il est adopté au cours de l'actuelle législature, ce qui est loin d'être certain, le dernier projet de loi à être présenté par Dominique Voynet ne signifiera pas que la bataille de l'eau est gagnée en France. La proclamation d'un slogan populaire («pollueur-payeur») représente sans doute un progrès. Mais son application est une tout autre affaire, ainsi que nous l'enseignent les pérégrinations du projet et ses multiples modifications. Résultat de cette interminable course d'obstacles: les agriculteurs, principaux responsables de la pollution des eaux de rivières et des nappes phréatiques, ne verront passer, au terme du processus envisagé, que de 1 à 5 % leur contribution aux établissements chargés de la dépollution des eaux. Une goutte d'eau, a-t-on envie d'écrire, quand on sait que ces agences de l'eau sont actuellement financées à 15 % par les industries polluantes et à 85 % par les consommateurs individuels.

Faut-il pour autant crier à la permanence du scandale et se gausser de Dominique Voynet, qui a dû en rabattre beaucoup par rapport à ses exigences premières? Les intégristes de l'écologie n'y manqueront pas puisqu'ils pensent qu'aucun problème ne peut résister au couple taxation-interdiction quitte à passer par perte et profit l'élimination, prévue par le projet de loi, de pratiques abusives chères à certains de nos marchands d'eaux. Les autres y regarderont à deux fois avant de condamner les compromis qu'implique toute participation minoritaire à l'exercice du