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Libération

Fabius joue la vérité contre la déprime

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Il se veut rassurant malgré une croissance qui s'étiole.
publié le 28 juin 2001 à 1h22

Laurent Fabius sacrifie donc à «la vérité»: «Je pense que la croissance sera moins élevée qu'attendu, peut-être un peu inférieure à 2,5 %, ce qui veut dire que l'économie française fera en 2001 mieux que beaucoup d'autres, mais moins que prévu», a indiqué hier le ministre de l'Economie dans un entretien à l'AFP. L'aveu était inévitable. Depuis neuf mois, il lui fallait scander le ralentissement de la croissance. Malgré lui, et avec ce temps de retard, qui marque l'espoir déçu. Avec cette mauvaise grâce qui l'obligeait à courir de plus en plus vite derrière ses propres aveux.

La pente est mauvaise. La prise de conscience brutale. Au point d'ébranler dans les sphères gouvernementales.

Dans le mur. Déjà les vétérans des cabinets ministériels se remémoraient l'époque pas si lointaine où la Mitterrandie au pouvoir, aveuglée par quatre ans de bonne conjoncture économique et obsédée par l'échéance législative, avait envoyé le pays dans le mur. C'était en 1993. Au lieu des 2,7 % de croissance espérés, la France s'était enfoncée dans une récession grave. Faute d'avoir été anticipée, la crise avait bouleversé l'économie, poussé près d'un million de salariés aux guichets de l'ANPE et creusé en l'espace d'une année le déficit de l'Etat de plus de 100 milliards de francs.

Laurent Fabius a compris qu'il lui fallait tuer dans l'oeuf la mécanique, intrinsèquement dépressive, de la «panique» collective. Pour ce faire, il devait recrédibiliser son discours, officialiser des prévisions internes (