Patrick Artus est directeur des études économiques à la Caisse des dépôts Ixis.
L'an dernier de nombreuses voix prédisaient que l'Europe serait protégée par l'euro des turbulences américaines? Or la tendance européenne s'aligne sur celle des Etats-Unis. Pourquoi?
Je n'ai jamais fait partie ce ceux-ci. Bien sûr l'Europe est une zone économique fermée. Les exportations ne représentent que 15 % de son PIB. Mais le ralentissement économique international est extrêmement fort. En un an nous avons perdu 8 points de croissance du commerce international. Pour l'Europe, cela représente mécaniquement 1,2 point de PIB. Le ralentissement est d'autant plus fort qu'il est global. Tout le monde souffre en même temps. Ce qui explique que même les zones fermées soient atteintes.
Le ralentissement est certes concentré dans un petit nombre d'industries, les nouvelles technologies, mais, manque de chance, c'est un choc qui touche l'industrie la plus mondialisée. Les ventes mondiales de micro-ordinateurs, qui croissaient de 80 % en 1999 reculeront cette année de 15 %. Cela a des effets partout. Les Asiatiques à qui on achète moins d'ordinateurs ou moins de composants ont moins de revenus. Ils achètent moins de berlines allemandes, les Allemands construisent moins de logements et donc commandent moins de vitres à Saint-Gobain.
Tout le monde est touché donc?
Oui, mais pas au même niveau. Les secteurs de l'économie traditionnelle résistent, les services à la personne, les biens de consommation, etc. La