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Libération
Éditorial

Retournement

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publié le 28 juin 2001 à 1h22

Après les vacances de M. Chirac et le passé trotskiste de M. Jospin, voilà que s'invite dans la campagne présidentielle un sujet autrement plus explosif: le retournement de conjoncture. Le Premier ministre dont la bonne forme dans l'opinion depuis 1997 tient pour une large part au retour de la croissance, peut-il chuter si celle-ci s'effondre et que repart le chômage? Poser la question, c'est déjà y répondre. A l'heure des soldes, le gouvernement a plus que jamais l'oeil fixé sur le moral des ménages. Qu'il vienne à trop fléchir sous le coup des annonces de suppression d'emplois qui se multiplient et le pire serait à craindre pour le fabuleux destin du chef du gouvernement. Ce n'est certes pas le premier retournement de conjoncture qu'il connaît. En 1999 déjà, la crise asiatique était lourde de menaces. Le «magicien» Strauss-Kahn avait pronostiqué un «trou d'air» qui s'est révélé bien réel. Quels que soient ses talents, Laurent Fabius se garde, lui, de tout pronostic. Et se contente de juger possible un «rebond» d'ici la fin de l'année. Il est d'autant plus prudent que c'est la quatrième fois en huit mois qu'il doit revoir à la baisse ses prévisions pour 2001. Sachant qu'un point de croissance en moins, c'est 40 milliards de manque à gagner, le gouvernement doit réduire la voilure. Où rogner? Fabius ne veut pas toucher à ses baisses d'impôt, sa réforme à lui; la gauche de la majorité exige toujours plus de dépenses; la Banque centrale européenne, de son côté, veille à ce que