Ils en ont parlé! Hier matin, avant le Conseil des ministres, Jacques Chirac et Lionel Jospin ont évoqué les affaires lors de leur tête-à-tête hebdomadaire. A l'initiative du chef de l'Etat qui, comme chaque fois que la justice se rapproche de lui, s'est plaint auprès du Premier ministre. Il a déploré les débordements des juges et a estimé que la justice devait être remise au pas. C'était moins une demande qu'une incantation, qui n'a pas particulièrement ému Lionel Jospin, habitué du fait. Il n'empêche. La scène donne le ton de la journée. Pour la droite chiraquienne, pas de doute: le procureur Dintilhac va trop loin, c'est un juge politique et le chef de l'Etat est victime d'une «chasse à l'homme [...] déclenchée par un juge tout droit sorti d'un album de Lucky Luke», selon l'expression d'André Santini, ancien député (UDF).
Sommes contestées. Patrick Devedjian, conseiller politique du RPR et l'un des canaux par lequel l'Elysée défend ses positions, a ainsi jugé que les premières auditions de collaborateurs de Jacques Chirac étaient «illégales», effectuées par des juges «autosaisis». Il a dénoncé le caractère «pré-électoral» de l'affaire. Le Président «s'est toujours expliqué très complètement devant les Français. Je crois qu'il n'y manquera pas là non plus», a assuré le député des Hauts-de-Seine, pariant que l'affaire «se dégonflera». Comme l'Elysée, qui devrait contre-attaquer en contestant la réalité des sommes. «On est loin des chiffres jetés en pâture» pour le règlement