Jérusalem envoyé spécial
Mahane Yehuda est le marché le plus populaire et l'un des plus vieux de Jérusalem-Ouest. C'est aussi l'un des plus menacés. A plusieurs reprises, les poseurs de bombes palestiniens l'ont pris pour cible: attentats-suicides, voitures piégées, colis bourrés d'explosifs... A voir le nombre de policiers israéliens qui en gardent les entrées et de soldats qui patrouillent dans les venelles, Mahane Yehuda a pris un peu l'allure d'une forteresse. Moins de monde, bien sûr, depuis la reprise des attentats, mais il reste très fréquenté. On aime y venir pour acheter moins cher, respirer les épices ou en goûter le désordre.
Sur ses gardes
Pas très loin, un autre marché a été édifié, il y a deux ou trois ans, pour désengorger Mahane Yehuda. L'endroit est moderne et présente de meilleures garanties de sécurité. Mais le greffon n'a pas pris: très peu de boutiques ouvertes, très peu de clients. A côté de l'entrée, Michèle Cohen, originaire de Lyon, tient Le Bistrot. Comme elle habite la colonie de Maaleh Mikhmash dans les territoires occupés, elle a, matin et soir, une demi-heure de trajet en voiture. «On craint les actes isolés. Alors, chaque fois que l'on fait la route, on est sur nos gardes. Mais on fait aussi attention quand on se balade à Jérusalem», raconte-t-elle. Lorsqu'elle a choisi d'habiter la colonie, la paix paraissait en bourgeon et les routes étaient sûres. «Au début de l'Intifada, on évitait de bouger. On avait peur. Maintenant, on s'est habitué. A prés