Jérusalem envoyé spécial
Ancien responsable au Mossad (les services secrets israéliens), puis directeur du Centre Jaffee d'études stratégiques, Joseph Alpher a été aussi un proche conseiller de l'ex-Premier ministre Ehud Barak lors du sommet de Camp David. Aujourd'hui, directeur d'un centre de recherches sur les rapports sécurité-politique et responsable d'un site Internet de dialogue entre intellectuels israéliens et arabes (1), il explique à Libération la stratégie de Sharon et celle d'Arafat.
Comment jugez-vous l'opération d'élimination des deux chefs du Hamas à Naplouse?
C'est clairement une escalade. Mais n'oublions pas que ces deux hommes avaient du sang frais sur les mains. Israël avait demandé à Arafat leur arrestation mais celui-ci n'a jamais pris cette requête au sérieux. Reste que ce type d'opération s'inscrit dans une tactique minimaliste dont le but est d'éviter à Israël d'être entraîné dans la guerre.
Au-delà de cette tactique, quelle est la stratégie de Sharon?
Il aimerait éliminer Arafat. De la même façon qu'il n'a pas cru aux accords d'Oslo, il ne pense pas arriver jamais à un accord final avec lui. Mais Sharon n'est pas pour autant un extrémiste ni un fanatique religieux. C'est un pragmatique. Pour des raisons sécuritaires, il veut qu'Israël garde le contrôle militaire de la Cisjordanie grâce aux colonies et aux points stratégiques de la vallée du Jourdain qui doivent fragmenter le futur Etat palestinien. Mais il est très sérieux quand il dit ne pas vouloir se l