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Libération
Éditorial

Exigence

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publié le 11 août 2001 à 0h23

L'opinion publique ne manque pas de paradoxes apparents qui relèvent, sinon d'une logique articulée, du moins d'un bon sens partagé. Ainsi pourrait-on s'étonner que les Français se montrent à la fois assez favorables à l'indépendance de la Corse et très hostiles à l'amnistie des indépendantistes. Ce serait confondre deux niveaux, politique et juridique, même si ceux-ci expriment une même sensibilité démocratique: le droit des Corses ne saurait aller au-delà du droit lui-même.

Dans l'acceptation par la moitié des Français d'une éventuelle sécession, il entre évidemment de l'exaspération face à un problème jamais résolu et toujours renaissant. N'en sont pas absentes des préoccupations d'ordre financier (ces dernières sont réversibles et pèsent tout autant dans le rejet massif de l'indépendance par les Corses). Mais il y a aussi une réelle ouverture à la complexité du monde, un relativisme qui ne prend pas pour argent comptant l'héritage du passé, ses mythes et ses mensonges. Le bon droit des autres de ne pas être les mêmes que soi est le laborieux et fragile acquis d'une longue évolution, toujours à réinventer.

Contrairement à la caricature qu'en font les esprits épris d'autoritarisme «républicain» (ces mots, hélas, ne jurent pas), cette attitude n'est pas laxiste. La revendication d'altérité est éminemment légitime. Mais, en démocratie, elle ne justifie le recours à d'autres moyens que ceux du débat, voire de l'affrontement citoyen mais pacifique. En exigeant l'absoute préalabl