A première vue, c'est un empêcheur de négocier en rond qu'on a assassiné. Un saboteur sournois des accords de Matignon. Un ancien clandestin qui reconnaissait avoir du sang sur les mains. Un apôtre de la brutalité, du racket et de la ruse, mal converti à la modération politique de façade et qui voulait avant tout se venger de son éviction, pendant un séjour en prison, de la direction clandestine du mouvement nationaliste et des discussions avec les plus hautes autorités de la République. Son élimination, selon ce raisonnement, lèverait donc plutôt un obstacle à l'évolution pacifique de la Corse. D'autant plus tout le monde en est persuadé que les assassins ne seront jamais interpellés.
Le meurtre de Monacia-d'Aullène a pourtant une tout autre dimension. Il nous rappelle la rémanence, parmi une minorité fort active de la population corse, d'une culture de l'intolérance, de la violence et des armes incompatible avec un véritable processus démocratique. Pour cette minorité, à laquelle appartenait d'ailleurs Santoni, la vie d'un adversaire ou d'un rival ne vaut pas plus que celle d'un sanglier. Il peut et doit même être abattu.
Le rappel sanglant de cette réalité tombe particulièrement mal pour les promoteurs des accords de Matignon. A commencer par le gouvernement Jospin, déjà accusé par ses adversaires d'être prêt à pactiser avec une minorité adepte de méthodes totalitaires. Que Charles Pasqua et Jean-Louis Debré l'aient effectivement fait lorsqu'ils étaient ministres de