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Libération

A San Francisco, sous l'oeil d'une webcam

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Jeff Webb ne supporte pas les dealers du quartier. Il les filme pour les faire fuir.
publié le 25 août 2001 à 0h29

Los Angeles, correspondance.

Jeff Webb a trouvé un bon moyen pour éloigner les dealers de crack de la ruelle où il habite, près de Market Street à San Francisco. Au lieu d'appeler le commissariat, il montre au monde entier les micmacs de Stevenson Alley. Le 16 juillet, ce coursier de 37 ans a installé une webcam bon marché à la fenêtre de sa chambre de l'hôtel Seneca, son modeste logis depuis huit ans. Coups de feu, bagarres au couteau, dealers aux gestes furtifs et clochards camés empressés d'allumer leur pipe: les scènes de rue apparaissent en temps réel sur la page web hébergée par un service gratuit (1).

«Je veux faire honte à la mairie et à la police de San Francisco et les inciter à nettoyer le quartier», explique Jeff Webb, le bien nommé, lors d'une conversation plusieurs fois interrompue par des sirènes de police. Lorsque les résidents téléphonent au commissariat pour se plaindre, affirme-t-il, les policiers se disent débordés et répondent que, d'ici à ce qu'ils arrivent sur place, les criminels se seront déjà envolés. «Avec ma webcam, la police ne peut plus dire qu'elle n'a rien vu.»

Cette initiative insolite survient au moment où la vidéosurveillance de lieux publics par les autorités alarme une partie de l'opinion américaine. Quant aux caméras privées utilisées sur la voie publique, «elles sont désormais répandues», rapporte Jeff Fryrear, directeur du National Crime Prevention Institute à Louisville (Kentucky). Ces caméras personnelles, dont on ignore le nombre, sont