La France veut «réinventer la protection des données personnelles», a annoncé mardi Michel Sapin, ministre de la Fonction publique, en présentant ses plans pour l'«internétisation» complète de l'administration d'ici à 2005. L'idée est de doter chaque citoyen d'un «coffre-fort électronique» contenant toutes ses données personnelles (en fait, un petit coin de disque dur sécurisé). Ce coffre-fort simplifierait nos relations avec la future administration électronique: lorsque nous passerons par le Web pour inscrire nos enfants à l'école ou déclarer nos revenus, les ordinateurs des services publics y puiseront les données dont ils ont besoin. Tout cela sous le contrôle exclusif du citoyen, s'empresse de préciser Michel Sapin. Mais c'est tout de même un sacré virage.
Aujourd'hui, la défense de notre «intimité numérique» repose sur les principes de la loi informatique et libertés: pas de collecte ou de rapprochement de telles et telles données, etc. A ce «modèle global» de protection, il convient donc d'ajouter un «modèle individuel», selon le ministre.
Ce chantier du «passeport numérique citoyen», qui fera l'objet d'un débat public mené «en liaison avec la Cnil», est rendu urgent par les initiatives du secteur privé en la matière. Les géants de l'informatique ont déjà conçu leurs systèmes (Magic Carpet d'AOL, Passport de Microsoft) afin d'automatiser les échanges de données avec les internautes. Les associations de défense des libertés s'émeuvent des risques de dérapage dans l'explo