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Éditorial

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publié le 25 août 2001 à 0h29

L'avenir promet d'avoir la dent dure avec les paranoïaques. Car, du lever au coucher, en l'ignorant ou en le sachant, nous nous déplacerons dans un monde véritablement truffé de microcaméras informatiques, qu'elles aient été installées sous un prétexte sécuritaire, voyeuriste ou sans prétexte du tout, pour rire. L'horreur totalitaire où tout le monde se ferait le flic de chacun trouve dans les techniques de l'image numérique un instrument qui renvoie à l'âge de pierre l'arsenal passé des meilleurs espions et des policiers les plus obsédés. Très bon marché, simples d'emploi, les caméras peuvent en outre compter sur des systèmes de stockage des images pratiquement infinis.

Cet individu photographié sous toutes les coutures sera aussi doté d'un casier biologico-biographique informatisé qui constituera comme l'âme virtuelle de son corps numérisé. Ces archives binaires seront infiniment plus précises que jamais sa mémoire ne pourra l'être, d'où leur extrême utilité dans le domaine médical ou administratif. Le profilage commercial des internautes, le suivi par un employeur de l'usage que ses employés font de leur ordinateur, qui sont déjà pratiqués malgré une légalité contestable, sont d'autres exemples d'une mise sous observation ininterrompue dont les nouvelles technologie sont porteuses. Ce qui pose la question de la confidentialité de ces informations, même bardées des sécurités les plus pointues et du droit inaliénable de chacun à préserver son intimité.

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