Difficile de garder l'intérêt de ses interlocuteurs quand on décide d'ignorer la principale question qu'ils se posent, non que personne doute de la réponse, mais parce que les convenances le commandent. Jospin a donc tracé son chemin de Premier ministre droit devant, quoique avec une légère boiterie. Si bien que beaucoup de téléspectateurs se seront lassés de restituer les sous-titres qui auraient permis de remettre ses propos dans leur environnement politique réel.
Jospin sera (selon toute vraisemblance) le premier homme politique à tenter d'enchaîner une campagne présidentielle après presque cinq ans de responsabilités à Matignon. Or cet exploit hyperpolitique, qui demande des ressources de fondeur, commence par une mise entre parenthèses de la politique. Ni les manifestations répétées de désunion dans son camp, ni les piques de l'opposition et de son chef Chirac ne paraissent pouvoir distraire Jospin de ses dossiers. Si politique il y a, c'est là qu'il faut aller la chercher, détail après détail. Les impôts continueront de baisser, la loi des 35 heures sera «assouplie», les infirmières sont sympa et on en recrutera un «nombre considérable». La sécurité est la deuxième priorité du gouvernement et l'armée veillera au grain de l'euro. Les anti-OGM ont tort de saccager les cultures mais la taxe Tobin est une bonne idée, les assassinats en Corse sont «inquiétants» mais le processus de Matignon continue... Rien de très nouveau et surtout rien qui fâche. A défaut de la rallier dé