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Libération
Éditorial

Dette.

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publié le 30 août 2001 à 0h30

Si, près de quarante ans après la fin de la guerre d'Algérie, il en existe encore des victimes cachées, ce sont bien les harkis et leurs descendants. Traités comme des citoyens de seconde zone, longtemps parqués dans quelques minibantoustans comme s'il convenait de leur donner le moins de visibilité possible pour complaire aux autorités algériennes, ils incarnent l'hypocrisie et la duplicité du de Gaulle des accords d'Evian, qui avait décidé en toute connaissance de cause de ne pas s'embarrasser de tels auxiliaires une fois l'indépendance signée. Que celui qui avait prôné, avant de se rendre à l'évidence de l'indépendance, l'intégration des populations de Dunkerque à Tamanrasset ait pu ordonner en sous-main une telle forfaiture n'étonnera que les générations nourries à la bouillie postgaullienne mitonnée par quelques demi-soldes de la Ve République, pour accréditer après coup l'idée d'un de Gaulle décidé dès 1958 à accorder l'indépendance de l'Algérie. Réalisme et cynisme ont été, en fait, les deux boussoles du général-Président dans toute cette affaire, et c'est en fonction de ces deux «valeurs» qu'ont été traités les harkis: aussi bien ceux qui ont été volontairement abandonnés à une mort atroce que ceux qui ont réussi à échapper aux massacres, souvent grâce à la désobéissance courageuse de leurs officiers métropolitains.

La France est-elle pour autant coupable de crime contre l'humanité? L'affirmer serait aller bien vite en besogne et ceux qui prétendent aujourd'hui obteni