C'est aujourd'hui qu'un groupe de harkis va déposer auprès du tribunal de grande instance de Paris une plainte contre X qui vise la France pour «crime contre l'humanité». L'annonce qu'en avait faite au mois d'avril Me Philippe Reulet, leur avocat, sonnait comme un appel à la mobilisation et aux témoignages. Finalement, ils seront neuf particuliers et une association à porter cette accusation. Selon les plaignants, la France a sciemment condamné les harkis et leurs familles à une mort certaine, dès la signature des accords d'Evian qui mettaient un terme à la guerre d'Algérie, en mars 1962. Et de décrire les étapes d'un lâchage planifié: on désarme par la force ou par la ruse ces supplétifs de l'armée française (1); on les exclut des plans d'évacuation; on leur interdit toute retraite vers l'Hexagone. Tout en ayant la certitude qu'un bain de sang les attend. Quant à ceux qui ont malgré tout réussi à s'enfuir et qui n'ont pas été refoulés à leur arrivée sur le sol français, ils ont été parqués dans des camps, dans des conditions qui constituent des «atteintes graves à leurs droits essentiels», expliquent les requérants.
Appels au meurtre. Les opérations de désarmement collectif dans les harkas ont démarré dès mars 1962, alors que la France s'engageait à rester garante du maintien de l'ordre jusqu'au 2 juillet, veille de l'indépendance de l'Algérie. Les supplétifs n'avaient aucune raison de s'y prêter de bonne grâce: au cours des mois précédents, «les principaux responsables poli