Chamonix, envoyé spécial.
Depuis un peu plus de deux ans, Chamonix (Haute-Savoie) redécouvre sa vallée. Les habitants savourent l'embellie, et chacun y va de son exemple. «On revoit des papillons et on réentend les cascades», affirme la directrice de cabinet du maire. «Mes amis ne sont plus obligés de laver leurs chaises et tables de jardin tous les trois jours», dit un aspirant guide. «Les paysans qui ramassent les prunes et les pommes à Servoz (lieu-dit bordé par la route d'accès au tunnel, ndlr), n'ont plus les mains noires à la fin de la journée», ajoute Georges Unia, guide de haute montagne et membre de l'Association pour le respect du site du Mont-Blanc. Dans la vallée, on dit aussi que les poules pondent beaucoup plus d'oeufs. Et encore plein d'exemples, très pittoresques. «Les hommes sont devenus plus vigoureux, on a plein de femmes enceintes, rigole Bernard Prud'Homme, directeur de l'office du tourisme, qui choisit l'autodérision, mais ajoute: Les effets ne sont guère quantifiables, mais tout le monde en profite.»
Neige plus blanche. Le bruit, tout d'abord. Le bourdonnement se répercutait d'un flanc à l'autre des montagnes, dans la vallée très encaissée. La vue ensuite. Le nuage bleuté, qui flottait à mi-hauteur, a brusquement disparu. Quelques vieilles vidéos diffusées au bureau des guides l'attestent. A l'époque, les milliers de poids lourds crachaient pour grimper à 1 400 mètres, altitude du tunnel de base. La dernière station-service avant l'Ita lie servait 1 mill