Rouvillers, envoyé spécial.
Dans la campagne picarde, des pancartes de détresse poussent le long des routes. Avec toujours le même slogan : «Non à l'aéroport.» En bordure de l'autoroute A1, du nord de l'Oise à l'est de la Somme, trois sites sont évoqués pour accueillir le futur aéroport. De la lutte contre ce projet, nombre d'habitants des villages concernés ont fait profession de foi. Derrière leurs élus, contre le ministère des Transports, ils pétitionnent, manifestent, crient leur révolte. Dans la dispersion, tant les intérêts diffèrent. «Cet aéroport, tout le monde en veut, résume une villageoise, mais chez son voisin.»
Les habitants de l'Oise comme ceux de la Somme ont tous de bonnes raisons de penser que leur site n'est pas approprié. Les craintes se lisent sur les visages dès que le sujet est abordé. «J'ai fait construire ma maison il y a juste un an, témoigne une femme. Si nous avions su, nous n'aurions jamais bâti ici.» Un couple de personnes âgées pense à ses dix petits-enfants : «Vous croyez qu'ils voudront toujours venir si on leur rase leur piscine ?» Une villageoise pointe un doigt accusateur : «Mes deux gosses sont nés là, dans le salon. Cette maison, monsieur, elle a une histoire.» Au bar routier, sur la nationale 17, la conversation est agitée. Un client : «Je connais une paire de cultivateurs, ils sont verts de rage à l'idée de vivre près d'un aéroport.» «Le problème, c'est le bruit, assure la patronne, les maisons ne vaudront plus un clou.» Un client tempère