Ruud Lubbers est le haut-commissaire des Nations unies pour les Réfugiés. Economiste spécialiste de la mondialisation, et ancien Premier ministre des Pays-Bas, il détaille pour Libération les menaces qui planent sur le droit d'asile en Europe et plaide pour plus de générosité de la part des Etats de l'Union.
Pourquoi êtes-vous inquiet du sort des demandeurs d'asile en Europe?
Actuellement, en Europe, nous n'avons pas seulement des demandeurs d'asile traditionnels, cadrant avec la définition du réfugié qui fuit la persécution et la guerre à cause de l'appartenance à un groupe ou à une race. Beaucoup de gens très pauvres, et qui, pour cette raison, voudraient im migrer vers un autre pays, utilisent la possibilité de demander l'asile. Là, je suis inquiet car il ne faut pas que les hommes politiques européens utilisent ce problème, comme cela arrive, pour affirmer que toutes les demandes d'asile sont frauduleuses. Ce qu'il faut donc, en Europe, c'est un système d'immigration contrôlée. En Allemagne, aux Pays-Bas, un peu en Grande-Bretagne, on étudie ces questions. Je ne dis pas que la solution c'est d'ouvrir la porte en grand mais, en tout cas, il faut donner des alternatives légales. Parce que, quand on manque de solutions légales, il y a davantage d'illégalité.
Vous voulez, cinquante ans après la convention de Genève, remettre les Etats face à leurs responsabilités vis-à-vis des réfugiés.
Les gouvernements doivent faire un effort politique et rendre disponible des fonds. Nous avon