Alençon, envoyé spécial.
Treize heures vendredi. Des cris de rage, des larmes contenues à grand-peine. La nouvelle officielle du dépôt de bilan vient de résonner dans les enceintes installées près du piquet de grève. Ils sont encore quelques centaines devant les grilles de l'usine d'Alençon à encaisser, comme un ultime coup de poignard ce qui depuis hier soir apparaissait inéluctable. «C'est dégueulasse, explose une femme, on n'a pas le droit de nous traiter comme des jouets, pas le droit de laisser 20 000 personnes sur le carreau!» L'écoeurement et la colère sont au bord de toutes les lèvres. A côté de ces réactions épidermiques, les responsables syndicaux restent calmes. Et, le premier moment d'émotion passé, ils s'emploient à rassurer, expliquer, dédramatiser. «Ce n'est pas forcément plus grave qu'un plan social avec des moyens financiers inexistants, tempère Claude Renault, délégué CFDT. Depuis un an, on perdait notre temps avec un plan bricolé. Maintenant on va pouvoir travailler. Cela va permettre de remettre à plat l'ensemble des choses et de repartir sur de bonnes bases. On n'en est pas encore à la cessation d'activité.» Les traits tirés mais serein, Claude Renault croit dur comme fer à une future reprise. «Moulinex est une marque internationalement connue, avec des produits à la hauteur. Débarrassée de ses dettes, on va se l'arracher, surtout qu'elle va coûter de moins en moins cher», assure-t-il, considérant l'absence de reprise «impensable». Un peu plus loin, un dé