Depuis que Moulinex broie du noir, on ne peut trop s'étonner que cette entreprise célèbre finisse par passer à la moulinette. De là la résignation du personnel devant le dépôt de bilan. Les premiers coups durs remontent à 1985. Depuis, de cafouillages en rattrapages, cet ancien fleuron de l'industrie française n'a jamais vraiment réussi à imaginer une survie plausible. Son dernier propriétaire, un groupe italien spécialiste du troc d'entreprises à géométrie variable, a porté le dernier coup. Sa responsabilité, que peut-être une enquête pourra établir plus précisément, ne peut faire oublier toutes les erreurs passées.
L'aventure de Moulinex est exemplaire d'une modernité du presse-purée des années 30 à la libération électroménagère de la femme des années 60 incapable de se perpétuer. A ne fabriquer que ce que toutes les usines du sud-est asiatique savent faire aussi bien pour beaucoup moins cher, Moulinex a commis un lent suicide. L'industrie manufacturière ne peut survivre dans les économies développées qu'en apportant une valeur ajoutée inédite (cela peut aller des montres suisses bon marché aux falbalas italiens très chers). Moulinex est mort le jour où l'imagination y a perdu le pouvoir. L'immaturité de la culture capitaliste de ses dirigeants n'a pas arrangé les choses. Cela retombe aujourd'hui sur des salariés auxquels on n'a jamais demandé leur avis et qui ont d'autant plus de souci à se faire pour leur reclassement que, derrière le dépôt de bilan de Moulinex, plane