Rue de la Victoire à Paris, la synagogue s'est lentement remplie hier soir. «Ce matin, au marché j'ai entendu des gens dire "c'est bien fait pour eux!" Voilà, c'est un malheur, ils détestent les Américains», se désole une femme. «Qui cela peut-il être?», entend-on plus loin. «Arafat? Il n'est pas assez intelligent! Ben Laden seul? C'est impossible. Alors l'Iran? L'Irak?»
OEcuménisme. Bertrand Delanoë et Pierre Lellouche entrent. «Dehors, ennemi d'Israël, lèche-cul de Chirac!» C'est un vieux qui hurle. «Tais-toi! Ne parle pas d'Israël, nous sommes français en France.» C'est le silence. Moïse Cohen, le président du Consistoire israélite de Paris commence: «Cette cérémonie est spontanée, improvisée en quelques heures, nous en avons senti la nécessité absolue». Il dit qu'il aurait voulu réunir «tous ceux, juifs, musulmans, orthodoxes, chrétiens, bouddhistes... Alors, ne parlons pas de cérémonie juive, elle est ouverte à tous...» Il dit aussi que «le monde civilisé a basculé dans la barbarie», et appelle «les démocraties à s'allier pour que disparaisse le terrorisme».
Plus tôt, à l'école Lucien de Hirsch à Paris, trois hommes surveillent la sortie. Il ne faut ni voitures garées devant, ni gamins sur le trottoir. Pas facile. Les gosses n'obéissent pas, les mères s'énervent: «J'ai bien le droit de me garer où je veux et si t'es pas content, c'est pareil!» Trois jeunes s'approchent. Ce sont des bénévoles du Fonds social juif unifié, «la protection de la communauté». Ils seront là tout