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Libération

La thèse perverse de la «nébuleuse islamique»

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Les attentats du 11 Septembre 2001 aux Etats-Unisdossier
Du rôle de Kaboul au conditionnement de l’opinion par les médias, les analyses de deux intellectuels.
par James COHEN, enseignant au département de science politique à l'université de Paris-VIII (Saint-Denis).
publié le 13 septembre 2001 à 0h48
(mis à jour le 13 septembre 2001 à 0h48)

Mon rôle aujourd’hui, en tant qu’Américain d’origine, est d’être horrifié par la barbarie des actes terroristes qui ont frappé les Etats-Unis. D’accord, je jouerai le jeu, car je suis en effet révolté par le bilan humain de ces attentats: on ne sait pas encore combien de milliers de morts ils ont produit, mais les victimes étaient presque toutes des civils, des hommes et des femmes qui n’ont rien à voir avec les conflits armés qui secouent le monde.

Cela dit, je crois qu’il faut aller plus loin que les propos pieux que tout le monde répète. Car ce qui m’a révolté en regardant la télévision mardi soir, c’est de voir comment les rumeurs se forment sur la base d’informations insuffisantes et de supputations tendancieuses. Cette journaliste de France 3 qui a évoqué sans broncher la «nébuleuse islamique» ne se rend peut-être pas compte de l’effet de ses propos, mais elle est tout de même censée savoir que l’adjectif «islamique» se réfère à la religion musulmane, non aux militants politico-religieux fanatisés qu’on appelle parfois des «islamistes». Quant à la notion de «nébuleuse», comme le mot lui-même l’indique, elle est faite pour semer la confusion: on ne sait pas qui «ils» sont, mais ils travaillent peut-être ensemble et sont tous ligués contre «nous».

Personne n'était en mesure de dire si Ben Laden était derrière ces attentats. On connaît ses menaces récentes, on connaît aussi sa haine affichée des Américains et des «Juifs» où qu'ils soient et quelles que soient leurs idées,