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Libération

Les «jihadis», fer de lance des taliban

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Les combattants arabes ou musulmans se comptent par milliers et font la loi à Kaboul.
publié le 13 septembre 2001 à 0h48

La scène se déroulait voilà quelques mois à Kaboul. Dans cette ville où les mendiants hantent les trottoirs, ceux que les Afghans appellent les jihadis (combattants de la guerre sainte), ou encore «les hommes de Ben Laden», fréquentent les meilleurs restaurants de la capitale. Dans l'un de ces établissements du quartier de Sher-e-naw, une dizaine de convives dînent couteau de combat et pistolet à la ceinture. Certains portent des vestes kaki. Le journaliste occidental qui s'attable non loin d'eux est toisé par leurs regards menaçants souligné de khôl. Le kafir (infidèle) est copieusement insulté en arabe, et si les choses ne s'enveniment pas davantage c'est sans doute du fait de la présence d'officiels taliban nous accompagnant. Les serveurs du restaurant racontent que ces clients habituels sont soudanais et yéménites, et que des combattants tchétchènes et algériens font également partie de leur clientèle régulière. Ces derniers jouissent d'une véritable immunité au pays des taliban. L'un de ces serveurs, ancien banquier sous le régime procommuniste de Najibullah, est intarissable en anecdotes. Il y a quelques mois, l'un de ses amis, qui accompagnait dans la rue une femme de sa famille qui déambulait correctement voilée, a tenté de s'interposer lorsqu'un groupe de jihadis s'en est pris à elle pour lui faire des propositions malhonnêtes. «Il a été abattu sur le champ et la police taliban qui assistait à la scène n'a pas bougé.» D'autres Afghans, propriétaires aisés, se plaign