Y aura-t-il pour l'Internet un avant et un après 11 septembre 2001? Dès jeudi, un sénateur américain est reparti à la charge contre l'usage sur le Réseau de techno logies de cryptage «incassables», qui permettraient aux groupes terroristes de rester à l'abri des «cyberécoutes» (lire page 12). Comme d'autres avant lui, mais avec sans doute plus de chances d'être entendu, le républicain Judd Gregg a proposé à ses collègues l'interdiction des logiciels d'encryptage, qui ne ménageraient pas une backdoor («porte dérobée») aux autorités fédérales. En d'autres termes, le chiffrement serait toujours autorisé, mais la puissance publique devrait en avoir les clés.
De son côté, le FBI a profité de l'émotion du moment pour accentuer sa pression sur les fournisseurs d'accès au réseau, demandant à éplucher les données qu'ils recueillent (Libération du 14 septembre). Vieux débat: libertés publiques contre sécurité, «crypto» contre grandes oreilles. En 1997 déjà, une commission de la Chambre des représentants avait adopté une mesure similaire à celle que réclame le sénateur Gregg. Mais elle ne fut jamais votée par le Congrès et, l'année suivante, les Etats-Unis optèrent pour la libéralisation totale des techniques d'encryptage. La raison: en plein boom de l'Internet, la priorité était de fournir aux cyberconsommateurs des outils de cryptage puissants, afin de faciliter la circulation des numéros de carte bancaire. Ce mouvement de libéralisation s'est ensuite étendu à l'Europe.
Aujourd'hui, la